L’empreinte carbone numérique constitue une part de plus en plus importante des émissions totales de gaz à effet de serre, notamment en raison de l’utilisation croissante des technologies numériques et des services Internet. Cette empreinte est exprimée en équivalent dioxyde de carbone (CO2e) et couvre de multiples aspects, de la production d'appareils numériques à l'utilisation quotidienne du courrier électronique et des réseaux sociaux tels que Facebook et TikTok.
Production et exploitation d'appareils numériques
La production de smartphones, d’ordinateurs et de divers appareils électroniques est un processus gourmand en énergie qui contribue à des émissions élevées de CO2e. Par exemple, la production d’un smartphone peut rejeter environ 50 kg de CO2e, tandis qu’un ordinateur portable peut atteindre jusqu’à 300 kg de CO2e. Durant leur fonctionnement, ces appareils consomment également de l'énergie : un ordinateur portable moyen émet environ 0,5 kg de CO2e pendant 8 heures d'utilisation. Compte tenu de l’origine de l’électricité et de l’efficacité des technologies utilisées, ces valeurs peuvent être encore plus élevées.
Centres de données et infrastructure réseau
Les centres de données, qui servent à stocker et traiter les données pour les services Internet, ainsi que l'infrastructure du réseau mondial, jouent un rôle clé dans l'empreinte carbone numérique. Ces centres sont responsables d'environ 200 millions de tonnes d'équivalent CO2 par an, soit environ 0,31 TP3T d'émissions mondiales, une grande partie de l'énergie étant utilisée pour refroidir les serveurs. La transmission de données via la fibre optique et les réseaux mobiles contribue également à environ 1 à 1,51 TP3T des émissions mondiales de CO2e.
Médias sociaux et communication électronique
Les activités quotidiennes comme l’envoi d’e-mails et l’utilisation des réseaux sociaux laissent une empreinte carbone numérique importante. Un e-mail moyen sans pièce jointe produit environ 4 g d’équivalent CO2, tandis qu’un e-mail avec pièce jointe peut atteindre jusqu’à 50 g d’équivalent CO2. Utiliser Facebook pendant 10 minutes produit environ 5 g de CO2e, tandis qu’une minute passée sur TikTok peut apporter plusieurs grammes de CO2e, notamment pour le contenu vidéo. Les plateformes d’information et de streaming telles que YouTube et Netflix peuvent être encore plus gourmandes en énergie : une heure de vidéo HD peut produire 300 à 400 g d’équivalent CO2. Facebook reste la première plateforme sociale avec 3,03 milliards d'utilisateurs dans le monde, suivi de YouTube, WhatsApp et Instagram avec plus de 2 milliards d'utilisateurs, tandis que TikTok dépasse le milliard. Les gens passent en moyenne 2 heures 23 minutes par jour sur les réseaux sociaux.
Pour plus d’illustration, prenons Chat GPT, un modèle d’IA bien connu qui produit environ 8,4 tonnes de dioxyde de carbone par an, soit le double de la quantité émise par un individu (4 tonnes). En effet, la formation de modèles linguistiques aussi volumineux peut consommer des milliers de mégawattheures d’électricité, entraînant l’émission de centaines de tonnes de carbone.
D’ici 2040, le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) devrait contribuer à hauteur de 14 % aux émissions mondiales, les réseaux de communications et les centres de données en étant les principaux moteurs.
En conséquence, il devient impératif d’explorer des solutions pragmatiques pour minimiser l’empreinte carbone numérique tout en continuant à tirer parti des avancées technologiques. Avant tout, les développeurs et les chercheurs doivent donner la priorité à la création de modèles d’IA moins gourmands en énergie. Cela peut être réalisé en optimisant le matériel et en garantissant que les systèmes d’IA nécessitent moins de ressources informatiques sans compromettre les performances.
Le gouvernement et les centres technologiques devraient se concentrer sur l'investissement dans des centres de données économes en énergie, comme le développement de centres de données verts alimentés par des sources d'énergie renouvelables telles que l'hydroélectricité, le solaire et l'éolien.
Il est important de sensibiliser à l’impact d’une utilisation excessive des médias sociaux sur l’environnement. En tant que moteurs clés des tendances en ligne, les influenceurs ont le pouvoir de façonner le comportement des consommateurs en sensibilisant ou en lançant des campagnes de minimalisme numérique qui encouragent des activités en ligne conscientes.
En outre, les régulateurs doivent jouer un rôle clé dans la création et la mise en œuvre de lignes directrices qui promeuvent des pratiques durables et la responsabilité de toutes les parties prenantes concernées.
Stratégies pour réduire l’empreinte carbone numérique
Il existe plusieurs mesures que vous pouvez prendre pour réduire votre empreinte carbone numérique et qui peuvent avoir un impact significatif. Ceux-ci incluent :
– Efficacité énergétique: Sélection d'appareils plus économiques et optimisation des logiciels.
– Énergie verte : Prise en charge des centres de données utilisant des sources d'énergie renouvelables.
– Prolonger la durée de vie des équipements : Réparation et réutilisation du matériel existant.
– Utilisation raisonnable : Minimiser les e-mails inutiles et optimiser la qualité des flux vidéo.
Ces mesures peuvent contribuer de manière significative à réduire l’empreinte carbone non seulement au niveau individuel, mais aussi au niveau mondial. Compte tenu de la dépendance croissante à l’égard du monde numérique, il est important de prendre ces mesures au sérieux dans le cadre de l’effort mondial visant à atténuer le changement climatique. (Co2AI)