La comptabilité carbone est un cadre reconnu qui permet aux organisations de mesurer et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les émissions sont réparties en trois catégories : scope 1 (émissions directes), scope 2 (émissions indirectes) et scope 3 (émissions associées à la chaîne de valeur). Alors que les émissions des scopes 1 et 2 sont relativement faciles à suivre, les émissions du scope 3 sont plus complexes et couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur, des fournisseurs aux utilisateurs finaux. Le Protocole sur les gaz à effet de serre fournit des conseils aux entreprises pour 15 catégories d'émissions du champ d'application 3, couvrant une variété d'activités. Si les entreprises s’attaquent à ce problème, cela peut avoir un impact positif sur l’ensemble de leur chaîne de valeur. Les entreprises du scope 3 devront déclarer leurs émissions et faire face à des pressions pour réduire leurs propres émissions si une entreprise déclarante fixe des objectifs de scope 3. Un exemple est Aston Martin, qui, dans son rapport sur le développement durable de 2022, a mis en œuvre des politiques d’approvisionnement dans le but d’atteindre des résultats zéro émission. dans la chaîne d'approvisionnement d'ici 2039, alors que l'exigence était que les fournisseurs répondent à la norme ISO14000:2015. En 2022, 95 % de leurs fournisseurs déclarent avoir réussi.
En 2023, l’International Sustainability Standards Board a adopté les premières normes d’information en matière de durabilité (IFRS 1 et 2) qui couvrent les émissions dans les trois périmètres. Ces normes remplacent les précédentes recommandations du Groupe de travail sur les informations financières liées au climat. Les nouvelles normes deviennent une base mondiale, avec six pays qui les ont déjà adoptées (Bangladesh, Brésil, Costa Rica, Nigeria, Kenya et Turquie), 16 pays envisageant de les adopter (dont l'Australie, le Canada, le Royaume-Uni, le Japon et la Chine). et trois mettent à jour leurs normes existantes conformément à ces normes (y compris celles de l'UE et des États-Unis).
À mesure que l’obligation de comptabilisation du carbone augmente, le besoin de données précises pour calculer les émissions augmente également. Les méthodes actuelles de calcul des émissions dans le scope 3 reposent sur l’obtention de données pertinentes ou sur l’utilisation de facteurs d’émission moyens dans un domaine donné pour multiplier une certaine valeur ou quantité de biens et services achetés. Les défis dans ce domaine ont été identifiés dans les documents de la Science-Based Targets Initiative, qui offrent aux entreprises un cadre pour fixer des objectifs de réduction des émissions fondés sur des données scientifiques, conformément aux objectifs de l'Accord de Paris. Ces articles abordent les problèmes de mesure des émissions dans le scope 3, suggèrent des solutions potentielles et montrent le rôle des certificats de performance environnementale (par exemple les crédits carbone) dans la lutte contre ces émissions. Ils anticipent également la mise à jour de leur Corporate Net Zero Standard, attendue pour la fin de l’année. L'initiative MASSIV+, qui regroupe des entreprises de premier plan telles que Microsoft, IKEA et Volvo Cars, vise à surmonter les problèmes d'informations manquantes et de facteurs d'émission inexacts, dans le but de révolutionner la manière dont l'industrie rapporte et valide ses émissions de gaz à effet de serre. Leur vision est que si toutes les entreprises calculaient et publiaient les émissions des scopes 1 et 2, cela permettrait un calcul plus précis des émissions du scope 3.
À mesure que les réglementations et les lignes directrices continuent d’évoluer et que les objectifs de réduction des émissions augmentent, il sera nécessaire de calculer plus précisément les émissions à toutes les échelles, en mettant l’accent sur l’amélioration des performances ESG. Même s’il n’y a pas d’obligation spécifique pour les entreprises de se conformer à ces normes, rejoindre la chaîne de valeur d’une autre organisation qui doit s’y conformer nécessitera la capacité de fournir des données d’émissions pertinentes. Développer les compétences nécessaires pour mesurer, surveiller et réduire les émissions du scope 3 deviendra donc un sujet important pour les entreprises afin d'assurer leur compétitivité à l'avenir, d'augmenter leurs performances ESG et de s'adapter à l'évolution de l'environnement réglementaire. (Co2AI)