Les pays européens ont-ils violé les droits de l’homme par leur inaction dans le domaine du climat ?

Genève/Bruxelles, 24 mars (TASR) - Les citoyens touchés par le changement climatique poursuivent les gouvernements de plus de 30 pays européens dans trois affaires distinctes devant la Cour européenne des droits de l'homme, affirmant que l'inaction des États viole leurs droits humains. Il s’agit des premières affaires de ce type entendues par le tribunal de Strasbourg, en France, et pourraient aboutir à ce que les gouvernements soient condamnés à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone beaucoup plus rapidement que prévu actuellement. C'est ce que vous devez savoir.
QUELS SONT LES TROIS CAS ?
La première affaire, qui sera entendue mercredi prochain, porte sur les effets sur la santé de la chaleur causée par le changement climatique, dans une affaire intentée par des milliers de Suissesses âgées contre le gouvernement suisse au cours d'une bataille juridique de six ans. Mercredi, le tribunal entendra également une affaire intentée par Damien Carême, membre du Parlement européen du Parti Vert français, qui a contesté le refus de la France de prendre une action climatique plus ambitieuse. Une troisième affaire, qui doit être entendue après l'été, concerne six jeunes Portugais qui poursuivent 33 pays, dont les 27 États membres de l'Union européenne, la Grande-Bretagne, la Norvège, la Russie, la Suisse, la Turquie et l'Ukraine. Eux aussi affirment que ces pays ont violé leurs droits et devraient être contraints de prendre des mesures plus ambitieuses pour lutter contre le changement climatique. Six autres procédures climatiques sont actuellement en cours.
QUELS DROITS ONT PU ÊTRE VIOLÉS ?
Dans ces affaires, la Cour évaluera pour la première fois si les politiques en matière de changement climatique, si elles sont trop faibles, peuvent violer les droits humains des personnes consacrés dans la Convention européenne. Les Suissesses affirment qu’en ne réduisant pas leurs émissions conformément à un plan qui limite le réchauffement climatique à 1,5 °C, Berne a violé, entre autres, leur droit à la vie. L'affaire fait référence au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU – qui a conclu avec un degré de confiance très élevé que les femmes et les personnes âgées font partie des personnes les plus exposées au risque de mortalité liée à la chaleur – et utilise les dossiers médicaux des plaignants pour démontrer leur vulnérabilité. .